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La BNS et le FMI discriminent les médias

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La Banque nationale suisse (BNS) a une drôle de conception de l’hospitalité.

PAR CHRISTIAN CAMPICHE

Le 10 mai dernier, la BNS et le Fonds monétaire international (FMI) se donnent la main pour organiser à Zurich une conférence sur le système monétaire international. Cinq journalistes triés sur volet sont admis dans le saint des saints, des correspondants du « Temps », de la NZZ ou du « Wall Street Journal ». Mais on les prie de s’en tenir à la règle dite de « Chatham House », imposant l’anonymat des interventions. Le restant des médias fait tapisserie dans l’antichambre.

Résultat des courses, le public ne saura pas grand chose du contenu de cette réunion qui se tient à un moment de crise majeure. A Athènes, le même jour, une troïka d’experts de l’Union européenne, de la Banque centrale européenne et du FMI débattent de l’avenir de la Grèce.

A Zurich, ce 10 mai 2011, on ne chôme pas non plus puisque les participants ne sont autres que des acteurs clés du débat sur la dette européenne. Le président de la BNS Philipp Hildebrand accueille la ministre française de l’Economie Christine Lagarde et le directeur général du FMI Dominique Strauss-Kahn. On est quatre jours avant l’arrestation de ce dernier à New York. Un événement qui n’est probablement pas pour rien dans l’irritation de nombreux journalistes tenus à l’écart des débats et qui se demandent si cette exclusion ne les a pas privés d’éléments importants permettant d’éclairer l’actualité.

Le malaise se traduit dans une missive que l’Association de la presse étrangère en Suisse et au Liechtenstein (APES) a adressée le 20 mai dernier au porte-parole de la BNS, Walter Meier. « Nous aimerions protester vigoureusement contre une politique discriminatoire qui privilégie un petit groupe de journalistes, alors qu’il s’agissait d’une conférence internationale susceptible d’intéresser beaucoup de nos membres », écrivent la président de l’APES Emilia Nazarenko (« The Day », Ukraine) et la secrétaire générale de l’APES Frances Williams (« Financial Times »).

La BNS changera-t-elle d’attitude lors de la prochaine réunion du même style? « La conférence n’était pas un événement public. Nous n’avons invité qu’un nombre très limité de journalistes sous réserve de respecter la règle de Chatham House», insiste Walter Meier, laissant peu d’espoir quant à une plus grande ouverture.

Une position qui ne manque pas d’étonner le correspondant de l’Agence France Presse (AFP) à Zurich, André Lehmann. En compagnie de plusieurs journalistes, il a fait le pied de grue dans le lobby de l’hôtel où se tenait la conférence. « DSK est venu nous serrer la main en précisant qu’il ne nous dirait rien. Quant à Mme Lagarde, elle avait un avion à prendre. Je ne suis pas d’accord non plus avec cette discrimination. Tant la BNS que le FMI sont des institutions publiques ».

Article paru dans « La Liberté » du 31 mai 2011

 


Témérité et sanction

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Affreux! Tel analyste anglo-saxon établi à Zurich perd son flegme pour qualifier les résultats d’UBS.

PAR CHRISTIAN CAMPICHE

Avec une baisse du bénéfice de 49%, la performance du navire amiral de la banque helvétique est l’une des plus mauvaises en comparaison internationale. UBS fait moins bien que Deutsche Bank mais se situe surtout nettement en deçà de ses concurrentes américaines. Lesquelles ont pignon sur rue à Genève depuis quelques mois et draguent désormais sans complexe la clientèle effarouchée. Le contentieux fiscal entre la Suisse et les Etats-Unis laisse des traces.

Le plus troublant est surtout l’aveu d’impuissance du numéro un de la banque. Oswald Grübel a péché par témérité, lors de son débarquement à la tête de l’établissement en 2009, en fixant un objectif bénéficiaire de 15 milliards à l’horizon 2011. Aujourd’hui, l’ancien patron de Credit Suisse se voit contraint de réviser piteusement cette prévision démesurée et la sanction du marché est à la hauteur de la déception. UBS doit économiser 2 milliards de francs, pire elle envisage une dramatique restructuration.

Des milliers d’emplois sont menacés mais M. Grübel n’a pas la moindre intention de s’en aller. Il estime même qu’il est un timonier indispensable. Puisse la Bourse au moins lui donner raison. Pour l’heure, le cours de l’action UBS ne répond pas présent. Depuis le début de l’année, il s’enfonce, loin du cap des 20 francs qui permettrait aux analystes de justifier leurs prédictions optimistes de l’an dernier.

Sauvée par le contribuable, UBS va de nouveau moins bien. Son état de santé est d’autant moins rassurant que rien ne laisse envisager, pour l’heure, un espoir de reprise durable. Une solution existerait  pourtant, il s’agit de la vente de la division la moins rentable de l’établissement, la banque d’investissement. Délesté de ce fardeau, le groupe pourrait enfin se concentrer sur son fonds de commerce, la gestion de fortune. Or nul ne sait si des négociations sont en cours et surtout si elles sont à bout touchant. La BNS,  qui gère les actifs pourris d’UBS, détient-elle la réponse ? On l’espère car dans cette affaire c’est aussi l’argent du peuple qui est engagé.

Commentaire paru dans « La Liberté » du 27 juillet 2011

 

 

Franc fort, la roue tourne pour le tourisme de l’essence

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En dépit des efforts du Conseil fédéral et de la BNS, le franc fort n’en finit pas de déployer ses effets. Indéfectible avocat de la route, Patrick Eperon observe sur le blog du centre patronal, qu’en date du 16 août, il est désormais possible de faire le plein d’essence en France voisine (1 euro 45, soit 1 franc 64 le litre à Annemasse à mi-août) meilleur marché qu’en Suisse (1 franc 67 le litre à Meyrin/GE à la même date).

Conséquence, poursuit Eperon, on peut s’attendre à une baisse sensible des recettes des taxes sur les carburants, ne serait-ce que parce que les «touristes de l’essence» achetaient quelque 10% des ventes en Suisse de ce précieux produit ces dernières années!

Le lobbyiste ne rate évidemment pas l’aubaine de décocher une flèche contre ses adversaires politique: «Quand on sait que les milliards des taxes sur l’essence financent au moins en partie le budget fédéral, la construction et l’entretien des autoroutes, ainsi que le percement de l’axe ferroviaire du Gothard et un RER comme le CEVA genevois, on mesure à quel point les milieux roses-verts et leurs amis, qui réclament une taxe CO2 sur les carburants de quelque 30 centimes supplémentaires par litre, sont irresponsables. Mais il est vrai, conclut Eperon, que les roses-verts sont en bonne compagnie, puisque le Conseil fédéral actuel n’a rien trouvé de mieux, il y a moins de trois mois, de refuser de se pencher sur le problème d’un possible tourisme de l’essence inversé (de Suisses à l’étranger).»

Plaidoyer pour un taux plancher de 1,40 franc pour 1 euro

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Depuis le début 2010, le franc s’est apprécié de près de 30 % par rapport à pratiquement toutes les monnaies. À cause de cette surévaluation, une grave récession nous menace ; l’économie d’exportation de produits suisses est la première concernée, mais venir en Suisse est aussi devenu trop cher pour nombre de touristes étrangers. Finalement, les premiers touchés sont les travailleurs et travailleuses. Dans un tel contexte, nombre d’entreprises, surtout des grandes, ne peuvent assurer leur survie qu’en délocalisant à l’étranger leurs achats ou des parties de leur production. Ce qui n’aide en rien les salarié(e)s de Suisse. En effet, les emplois disparaissent et le chômage ainsi que les pressions sur les salaires se font menaçants. Plus de 100 000 emplois sont en jeu.

Le franc surévalué a aussi laissé des traces profondes dans les caisses de pensions. Leurs placements en monnaies étrangères ont perdu de la valeur. À ce jour, les pertes comptables se montent à environ 50 milliards de francs, soit plus de 10 000 francs par travailleur ou travailleuse.

Le franc est extrêmement surévalué. Par rapport à l’Allemagne – le principal partenaire commercial de la Suisse -, cette surévaluation est désormais de plus de 35 %. Le taux de change convenable par rapport à l’Allemagne serait d’à peu près Fr. 1,50 pour 1 euro. Par rapport au dollar et à la livre anglaise aussi, le franc a énormément pris de la valeur. De fait, des estimations montrent qu’il est également trop cher pour plus de 30 % par rapport à ces monnaies.

Le Conseil fédéral et la Banque nationale suisse (BNS) ont longtemps prétendu que le franc s’était apprécié parce que l’état des finances suisses était meilleur que celui des États de l’Europe du Sud. C’est faux. En effet, la situation de la Norvège est meilleure que celle la Suisse, mais il n’y a pas de spéculation sur la couronne norvégienne. La surévaluation du franc suisse n’est donc pas la conséquence des problèmes rencontrés dans la zone euro, mais celle de la spéculation dont il fait l’objet. C’est pourquoi, la Suisse est en mesure de combattre seule et avec succès la cherté de sa propre monnaie.

La BNS doit fixer un taux de change plancher par rapport à l’euro et le défendre. C’est ce qu’elle n’a cessé de faire, plus ou moins explicitement et avec succès, depuis la fin des années 1970. Ce fut le cas, par exemple en introduisant un taux de change plancher de 80 centimes pour 1 Deutsche Mark en 1978. Ou en imposant un taux de Fr. 1,45 pour 1 euro après le 11 septembre 2001. Si la BNS ne prend pas la tête des opérations, les marchés des devises pourraient rapidement échapper à tout contrôle. Comme c’est le cas aujourd’hui. Avec un taux plancher, il est par contre possible de contrôler le marché.

Ce taux plancher doit être fixé à un niveau crédible. La BNS ne doit pas se soumettre à la spéculation sur le marché des devises, mais clairement faire savoir quelle est la marge raisonnable pour le cours du franc par rapport à l’euro. Cela doit se faire selon l’évolution de l’économie réelle. Il en résulte qu’il faut viser un taux plancher de Fr. 1,40 pour 1 euro.

La BNS peut imposer un tel taux si elle le veut. Elle est en effet souveraine dans sa politique par rapport au franc. Aucun spéculateur sur les taux de change n’est près d’être aussi puissant qu’elle. Car en théorie, elle peut jeter à l’infini une grande quantité de francs sur le marché, alors qu’aucun autre intervenant ne le peut.

Les craintes d’une inflation sont exagérées. L’inflation, cela signifie que les entreprises relèvent fortement leurs prix. Pour l’heure, c’est précisément le contraire qui a lieu. Le franc surévalué a en effet pour conséquence de mettre les prix sous pression. Le danger est celui d’une déflation. Lorsque le taux de change était de plus de Fr. 1,65 pour 1 euro, l’inflation était inférieure à 1 % en Suisse. Un cours de Fr. 1,40 pour 1 euro permettrait aux entreprises de survivre. À ce niveau, des hausses de prix ne seront plus guère possibles. De ce fait, on ne court aucun risque d’inflation.

L’auteur est économiste en chef de l’Union syndicale suisse (USS). Article paru sur son blog.

Franc et BNS, la fuite en avant

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Seule entre toutes, ou presque, la Bourse suisse sabre le champagne. Les titres des maisons exportatrices saluent l’intervention théatrâle de la BNS qui dit «halte» à la spéculation effrénée sur le franc. L’espoir pourrait être de courte durée car on voit mal le marché helvétique faire longtemps bande à part.

La question se pose surtout de savoir quel sera le prix payé par la BNS pour retarder la récession en Suisse. L’institut d’émission est décidé à briser les reins aux spéculateurs coûte que coûte. Rien ne l’arrêtera, s’il le faut, même pas l’achat de devises en quantité illimitée. On nage presque dans le délire car des milliards ont déjà été imprimés pour freiner la surévaluation du franc, sans grand résultat. Au premier semestre de cette année, les pertes sur les positions en devises étrangères ont atteint pas moins de 9 milliards, creusant le déficit de la BNS.

Cette politique de fuite en avant comporte également un risque important d’inflation, alors que la mission première de la BNS est justement d’assurer la stabilité des prix.

En 1978, quand le franc s’échangeait à des niveaux record contre le mark, l’intervention de la BNS a été suivie d’une poussée de l’indice.

Aujourd’hui les milieux exportateurs et du tourisme se félicitent de la décision de la BNS et on les comprend. Mais face aux réalités mondiales, ils touchent aussi du bois. Le président de la Commission européenne a beau enrober l’euro de qualificatifs taurins, il n’empêche pas les angoisses des investisseurs de se cristalliser sur la Grèce, dont le plan de sauvetage semble mort-né, et l’explosion des dettes souveraines. Ces inquiétudes s’ajoutent aux chiffres décevants en provenance de l’emploi aux Etats-Unis. Elles plombent les Bourses mais propulsent l’or à des niveaux stellaires. Un métal jaune dont la BNS s’est délesté au cours de la dernière décennie, confiante dans la prédiction d’oracles sans inspiration.

Commentaire paru dans « La Liberté » du 7 septembre 2011

Revue de presse européenne: « Les Suisses dévaluent le franc »

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La Banque centrale suisse a annoncé mardi 6 septembre protéger le franc d’une nouvelle appréciation de son cours. Par l’achat massif de devises, elle veut éviter de descendre sous le taux de change de 1,20 francs pour un euro. Les commentateurs y voient une mesure positive pour apaiser les marchés, qui pourrait toutefois avoir aussi des conséquences néfastes. Lire la revue de presse d’Eurotopics.

«Trop grand pour être mis en faillite» ne fonctionne pas

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Un aveu du directeur de la FINMA nous ôte toutes nos illusions. Le projet « Too big to fail » (trop grand pour être mis en faillite) vient tout juste d’être adopté par le Parlement que la FINMA, l’autorité fédérale de surveillance des marchés financiers, capitule déjà. La preuve que «Trop grand pour être mis en faillite» est «trop maigre».

PAR DANIEL LAMPART

Monsieur Raaflaub, le directeur de la FINMA, a reconnu, dans une interview donnée à la NZZ le 19 novembre dernier, que la liquidation contrôlée d’une grande banque en faillite, telle que promis, ne fonctionne pas : «Nous ne devrions pas nous faire d’illusions sur la capacité de faire sortir du marché selon les règles prévues une grande banque active au plan mondial […] Toujours est-il qu’en Suisse, on pourrait procéder à la liquidation d’une banque active uniquement dans le pays, de petite taille ou de taille moyenne».

Se trouve ainsi confirmé ce que l’Union syndicale suisse (USS) avait toujours dit : le projet «Too big to fail» n’est pas en mesure d’empêcher une nouvelle crise. Un coup d’œil rétrospectif sur l’histoire de ce projet montre à quel point on a jeté de la poudre aux yeux de la population:

  • Qui peut définir quel est le problème définit aussi la solution. Le Conseil fédéral et la Banque nationale (BNS) ont, avec economiesuisse et d’autres, réussi à imposer le point de vue selon lequel le problème était celui du «trop grand pour être mis en faillite», c’est-à-dire que l’on ne pouvait pas laisser des grandes banques faire faillite. Le fait, par exemple, que l’actuel système financier soit «sensible aux crises» a été ignoré déjà dès le départ.
  • Le conseiller fédéral Merz a dit que l’on voulait résoudre le problème du «trop grand pour être mis en faillite». Dans le message du Conseil fédéral, il n’a ensuite plus été question que de la volonté de désamorcer ce problème. Et, alors que les débats parlementaires ont désormais pris fin, le directeur de la FINMA reconnaît que l’on ne peut pas maîtriser ce problème.

Nos illusions ont aussi disparu lors de la publication, en octobre dernier, d’une étude consacrée par Andrew Haldane [1], en charge de la stabilité financière à la Banque d’Angleterre, à ce qu’il faudrait à proprement parler faire ici. Selon lui, la Suisse devrait renforcer ses prescriptions en matière de fonds propres. Les CoCo bonds devraient être conçus différemment. Ni les régulateurs, ni les banques ne devraient pouvoir décider du moment auquel ils doivent être transformés en fonds propres. Le modèle suisse de la conversion en fonction du ratio de fonds propres (mesuré selon les actifs pondérés en fonction des risques) offre une marge de manœuvre trop importante au management et la conversion a lieu trop tard. Dans toute la mesure du possible, la conversion devrait se faire tôt, par exemple en fonction de l’évolution du cours des actions. Et terminons sur un classique : le fait d’amarrer les bonus au cours des actions ou au rendement des fonds propres a pour conséquence que le management prend des risques trop élevés. Il faut choisir des formes de rémunération différentes.

En Suisse, la régulation des banques doit se faire d’abord au niveau politique. D’un point de vue économique cependant, le besoin d’agir à ce chapitre reste énorme. On a maintenant le droit d’être impatient en ce qui concerne les prochaines actions de la FINMA : si elle pense que les mesures prises en Suisse ne suffisent pas, elle doit s’engager pour de meilleures. Car il ne suffira pas de prétendre, lors de la prochaine crise, que l’on avait déjà signalé cette grosse lacune dans une interview accordée à la NZZ.

[1] Andrew G. Haldane (2011) : « Control rights (and wrongs) », Bank of England, http://www.bankofengland.co.uk/publications/speeches/2011/speech525.pdf.

L’auteur est économiste en chef et premier secrétaire de l’USS. Article paru sur son blog.

A-t-on enterré trop tôt l’affaire Hildebrand?

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A-t-on enterré trop tôt ce qu’il convient d’appeler désormais l’affaire Hildebrand? Avec deux H, serait-on tenté de dire? En effet, après les soupçons qui ont pesé sur l’épouse, les accusations de délit d’initié se reportent sur le président de la BNS, en personne.

Le lanceur d’alerte ayant été Christoph Blocher, la première réaction de nombreux observateurs a été de penser à un règlement de comptes. L’antipathie que le leader UDC nourrit à l’égard de Philipp Hildebrand n’est un secret pour personne. La BNS s’est d’ailleurs empressée de démentir en présentant un «certificat de bonnes mœurs» cautionné par le Conseil fédéral.

Mais on pouvait aussi se dire que l’accusation était tellement grave qu’elle n’aurait pas pu être émise sans de solides arguments. De fait, la «Weltwoche» annonce qu’elle  publiera de «nouveaux détails» sur l’affaire dans son édition de jeudi 5 janvier 2012. Dans son édition en ligne du 4 janvier, l’hebdomadaire calme les appétits en révélant que Philipp Hildebrand aurait acheté et vendu des euros puis des dollars plusieurs fois entre les mois de mars et d’octobre 2011.

En mars, une opération en devises aurait porté à elle seule sur une somme de 1,1 millions de francs. A mi-août, soit trois semaines avant l’annonce par la  BNS de mesures pour lutter contre la spéculation sur le franc, deux transactions auraient porté au total sur un demi-million de dollars.

La «Weltwoche» précise  également que l’employé de la banque Sarasin aurait alerté l’UDC en étant parfaitement conscient qu’il violait le secret bancaire. La même personne  aurait déposé plainte contre M. Hildebrand pour délit d’initié. Cet employé a été licencié.

Le premier événement majeur de cette année 2012 viendrait-il de Suisse? Toujours est-il que la nouvelle fait désormais la Une de la presse économique internationale. Des titres anglo-saxons comme le «Financial Times» ou le «Huffington Post» ne manquent pas de relever que l’affaire pourrait décrédibiliser les tentatives menées par la BNS pour contrer la spéculation monétaire. Les mêmes commentateurs rappellent ironiquement certaines déclarations de M. Hildebrand quand ce dernier n’était pas encore à la tête de l’institut d’émission. Il prônait alors une transparence accrue et stigmatisait la spéculation aux fins d’enrichissement personnel.

De leur côté, plusieurs politiciens ont appelé le Conseil fédéral à prendre position de manière plus ferme au vu des dernières révélations. L’année commence en fanfare pour la ministre des Finances, Evelyne Widmer-Schlumpf.


Le billet du Sioux – BNS, Xamax, la mise en croix

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Heureux les peuples qui ont du pain. Ils peuvent à loisir se concentrer à pleurer leurs fiertés, même si elles les ont lâchés.  Depuis quelques semaines, des rives de la Limmat à celles de Neuchâtel, on a pris le deuil. La BNS, ce temple consacré à notre fortune, passée et à venir, vient de boire la tasse à cause d’un boss trop initié. Des médias bien coachés par le haut, comme des instances à fort débit d’influence, ont cherché en vain pour le justifier, à doter Philipp(e) H. d’une stature de « grand homme ». La Suisse en manque cruellement, mais le lecteur ni l’électeur ne sont dupes. Rien de sa personnalité n’a su passer la rampe. Malgré une intelligence et des compétences financières remarquables – la moindre des choses quand on mène une barque de cette envergure – notre grand argentier, trop lisse et trop propret, n’a pas su se retenir à retenir Madame de ce faux pas.

Montrant ses limites, il ne pouvait dès lors incarner cette personnalité hors du commun que la Suisse, entre vignes et pâturages, cherche en vain depuis des décennies. L’Argent, ce malin rampant devenu un but en soi, n’a pas manqué de shooter récemment deux hommes dans les buts. Comme l’ami Bulat Ch., ce messie du foot qui vient de prendre un tacle en pleine gueule. En Principauté, on a le coeur serré. La Swiss Football League a retiré sa licence au club de Xamax. Facchi, Gress et tous ses anciens dignitaires pleurent le temps des cerises, quand la Tchétchenie n’était encore qu’une province, derrière un rideau de fer.

Faux dans les titres, faux salaires et vraies larmes, gros sous douteux, marasme,  relégation, chantage et déballage, tout y a passé.

À la Maladière, ce lieu-dit qui autrefois parquait ses grands malades, il va falloir de toute urgence et en attendant le printemps désinfecter le terrain. Les dieux sont morts, mais cessons de pleurnicher. On a toujours de quoi manger.

Affaires d’initiés, la BNS sera moins naïve

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«La BNS tire les leçons de la chute éclair de l’action Credit Suisse», titre un quotidien romand. Il aurait pu ajouter: ce n’est pas trop tôt!

PAR CHRISTIAN CAMPICHE

Il a fallu attendre en effet que des rumeurs d’opérations d’initiés jettent, une fois de plus, une ombre sur son image pour que la BNS annonce la révision de sa pratique d’information. Désormais, elle ne se fiera plus à l’embargo pour distiller à l’avance des éléments figurant dans son rapport annuel.

Lundi 11 juin 2012, un groupe de journalistes triés sur le volet apprenaient, sous embargo, que la BNS tapait sur les doigt du Credit Suisse en lui imposant de relever sa dotation en fonds propres. Jeudi, la BNS confirmait la nouvelle officiellement lors d’une conférence de presse, provoquant l’effondrement du cours du titre Credit Suisse. Dévissant de 10%, celui-ci a touché un plancher jamais atteint depuis 1993, avant de remonter vendredi 15 juin.

Le même jour, la banque Notenstein, l’ex-banque Wegelin, avançait l’hypothèse d’opérations d’initiés. Elle relevait que des échanges dits d’options «put», anticipant une baisse de l’action Credit Suisse, avaient eu lieu la veille. S’agissait-il de l’intuition d’investisseurs particulièrement futés? Ou bien de l’utilisation d’informations circulant sous le manteau?

La BNS relativise en rappelant que ses avertissements étaient dans l’air depuis un certain temps déjà. Naïveté ou légèreté de la part d’un établissement dont on attendrait davantage de rigueur après l’affaire Hildebrand, qui reste, quoi qu’on en dise, liée à la problématique de l’utilisation à des fins personnelles d’informations confidentielles? Début 2012, la démission de l’ancien PDG avait entaché sérieusement l’image de la BNS.

On peut aussi se poser la question de savoir pourquoi la Bourse suisse et la Finma, les gendarmes de la finance, n’ont pas réagi, alors que la première aurait pu ouvrir une enquête. Aurait-elle dû le faire? Sa mansuétude apparente est cocasse quand on la met en parallèle avec le vote tout récent du parlement suisse, appelant à un durcissement de la législation sur les délits boursiers.

On se demande en tout cas comment le système a pu tenir sans dérapage majeur à ce jour. Et l’on peut regretter une fois de plus que la Suisse attende les réprimandes des organismes chargés de réglementer le marché boursier, comme le Groupe d’action financière, le GAFI, pour se mettre au diapason de la bonne conduite en matière de gouvernance. Désormais les délits d’initiés «graves» seront assimilés à du blanchiment d’argent et punis comme tel. La longueur des peines privatives de liberté prendra l’ascenseur et la Suisse pourra ratifier le cœur léger la Convention du Conseil de l’Europe contre le blanchiment d’argent.

Autre chose en sera l’application. L’expérience le montre, le délit d’initié est l’un des plus difficiles à prouver, les cas de condamnations en Suisse ont été à ce jour rarissimes.

Plaidoyer (insensé) pour un franc romand

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Pourquoi la Suisse romande ne créerait-elle pas sa propre Banque nationale?

PAR CHRISTIAN CAMPICHE

Cette question, l’auteur de ces lignes la posait en 1992 dans le mensuel « Bilan ». C’était avant le vote sur l’Espace économique européen. L’article à dessein provocateur anticipait le fameux «dimanche noir» du 6 décembre de la même année. L’acceptation de l’initiative sur l’immigration relance le fantasme.

Bien sûr, la topographie de la consultation montre avant tout un fossé entre la ville et la campagne. Les cités de Berne, Bâle et Zurich ont voté comme Genève et Lausanne. Reste que les tracés du «non» et du «oui» épousent parfaitement le pourtour des bornes linguistiques. Sous le coup de l’émotion, l’unanimité se fait jour au sein des gouvernements lémaniques pour réclamer un allégement de la facture de la péréquation, cet argent des cantons aisés reversé aux régions moins favorisées. Puisque celles-ci ont voté pour l’initiative UDC, eh bien qu’elles en assument les conséquences! Il y a un mois, tel conseiller d’Etat romand parlait déjà en privé de «guerre totale» entre son canton et Zurich. On peut imaginer que son courroux ne s’est pas atténué aujourd’hui.

Soyons réalistes, le monde est trop sérieux et la Suisse romande n’a aucune chance d’obtenir sa Banque nationale. Elle peut donc oublier sa part aux 1040 tonnes d’or qui constituent les réserves de la BNS. Et faire une croix sur la perspective d’un franc romand. Les exportateurs lémaniques continueront à rêver d’un franc dévalué rendant leurs produits moins chers donc plus concurrentiels. Pourtant, l’idée ne serait nullement une incongruité historique: au début du 19e siècle, pas moins de 700 monnaies circulaient en Helvétie!

Chronique parue dans GHI du 19 février 2014.

La foire au chantage

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Vingt milliards de francs. C’est le montant que la crise des prêts hypothécaires à risque a coûté jusqu’ici aux caisses de pension, avance la NZZ am Sonntag, laquelle ne se gêne pas d’égratigner, en passant, le Conseil fédéral. Ce dernier n’assurait-il pas, avant Noël, que les institutions de prévoyance indigènes n’avaient pas été touchées par la débâcle aux Etats-Unis?

Le calcul fait frémir en même temps qu’il provoque un sentiment de colère. Pourquoi tant de professionnels de la finance se sont-ils évertués à minimiser les conséquences du krach? Certes, les caisses de pension n’ont pas investi directement dans l’immobilier. Par contre, elles ont subi de plein fouet les pertes massives subies sur le marché boursier.

Cette erreur d’appréciation nous fait penser aux prévisions sur l’or. Il y a quelques années, parier sur le métal jaune était une incongruité qui soulevait ironie et répulsion  chez les gestionnaires de fortune logés aux meilleurs enseignes. Heureux ceux qui ne les ont pas écoutés et ont acheté de l’or!

Il reste à souhaiter que notre valeureuse Banque nationale ne se soit pas trompée non plus en injectant des milliards pour sauver la Bourse. En termes d’inflation, on le sait, l’intervention des banques centrales est un jeu dangereux. La brusque flambée de l’indice des prix, en décembre, ne nous rassure pas.

*Editorial paru dans « La Lettre hebdomadaire du Journal de Genève et Gazette de Lausanne » No 34, 11 au 17 janvier 2008

De l’art de s’aveugler

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Vingt milliards de francs. C’est le montant que la crise des prêts hypothécaires à risque a coûté jusqu’ici aux caisses de pension, avance la NZZ am Sonntag, laquelle ne se gêne pas d’égratigner, en passant, le Conseil fédéral. Ce dernier n’assurait-il pas, avant Noël, que les institutions de prévoyance indigènes n’avaient pas été touchées par la débâcle aux Etats-Unis?

Le calcul fait frémir en même temps qu’il provoque un sentiment de colère. Pourquoi tant de professionnels de la finance se sont-ils évertués à minimiser les conséquences du krach? Certes, les caisses de pension n’ont pas investi directement dans l’immobilier. Par contre, elles ont subi de plein fouet les pertes massives subies sur le marché boursier.

Cette erreur d’appréciation nous fait penser aux prévisions sur l’or. Il y a quelques années, parier sur le métal jaune était une incongruité qui soulevait ironie et répulsion  chez les gestionnaires de fortune logés aux meilleurs enseignes. Heureux ceux qui ne les ont pas écoutés et ont acheté de l’or!

Il reste à souhaiter que notre valeureuse Banque nationale ne se soit pas trompée non plus en injectant des milliards pour sauver la Bourse. En termes d’inflation, on le sait, l’intervention des banques centrales est un jeu dangereux. La brusque flambée de l’indice des prix, en décembre, ne nous rassure pas.

*Editorial paru dans « La Lettre hebdomadaire du Journal de Genève et Gazette de Lausanne » No 34, 11 au 17 janvier 2008

Vers un automne chaud

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Ce que nous anticipions l’an dernier dans ces mêmes colonnes devient réalité. L’inflation brandit son spectre. Le taux annuel a atteint, au mois de mai, son plus haut niveau depuis 15 ans. Rien de dramatique, encore, mais un vilain coup de semonce quand même. Source désignée de tous les maux, le pétrole poursuivra-t-il son ascension infernale, entraînant le coût de la vie dans son sillage? Dans une déclaration récente, le président de la Banque nationale suisse avouait sa perplexité face à une évolution qu’il n’avait pas prévue. La banque centrale ne s’attendait pas à ce que le prix de l’or noir reste à de tels niveaux si longtemps. M. Roth s’est bien gardé toutefois de faire le rapprochement avec les interventions monétaires consenties par l’institut d’émission pour soutenir la place financière au plus fort de la crise des prêts immobiliers américains à risque. Il aurait pourtant pu rappeler que l’injection d’argent dans le système est de nature à favoriser l’inflation. Pour l’heure la population, bercée par les slogans de l’Euro de football et la perspective de victoires de l’équipe nationale, ne réagit pas encore. Mais le réveil pourrait être brutal au lendemain des JO de Pékin, l’autre sac à paillettes de l’année. Un automne chaud est d’ores et déjà programmé car il ne fait pas de doute que les salariés ne goberont pas la bouche en coeur une perte croissante de leur pouvoir d’achat. *www.journaldegeneve.ch

La presse étrangère en Suisse fâchée contre la BNS

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L’Association de la Presse étrangère en Suisse et au Liechtenstein est fâchée contre la Banque nationale suisse. Dans une missive adressée le 24 mai 2011 au porte-parole de la BNS, sa présidente, Emilia Nazarenko, se plaint de la ségrégation dont ont été victimes les journalistes lors de la conférence sur l’ordre monétaire mondial, organisée le 10 mai dernier à Zurich sous les auspices communs de la BNS et du FMI. Dominique Strauss-Kahn et la ministre française Christine Lagarde étaient de la partie.

Aux journalistes qui ont demandé à s’entretenir avec les intervenants, les organisateurs ont répondu que les débats étaient « off ». Or il s’est avéré que cinq journalistes triés sur le volet ont été malgré tout invités à titre privé par la BNS.

L’association proteste vigoureusement contre cette pratique qui contrevient aux usages lors de conférences internationales. Elle demande à la BNS de revoir sa politique d’information.


La BNS et le FMI discriminent les médias

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La Banque nationale suisse (BNS) a une drôle de conception de l’hospitalité.

PAR CHRISTIAN CAMPICHE

Le 10 mai dernier, la BNS et le Fonds monétaire international (FMI) se donnent la main pour organiser à Zurich une conférence sur le système monétaire international. Cinq journalistes triés sur volet sont admis dans le saint des saints, des correspondants du « Temps », de la NZZ ou du « Wall Street Journal ». Mais on les prie de s’en tenir à la règle dite de « Chatham House », imposant l’anonymat des interventions. Le restant des médias fait tapisserie dans l’antichambre.

Résultat des courses, le public ne saura pas grand chose du contenu de cette réunion qui se tient à un moment de crise majeure. A Athènes, le même jour, une troïka d’experts de l’Union européenne, de la Banque centrale européenne et du FMI débattent de l’avenir de la Grèce.

A Zurich, ce 10 mai 2011, on ne chôme pas non plus puisque les participants ne sont autres que des acteurs clés du débat sur la dette européenne. Le président de la BNS Philipp Hildebrand accueille la ministre française de l’Economie Christine Lagarde et le directeur général du FMI Dominique Strauss-Kahn. On est quatre jours avant l’arrestation de ce dernier à New York. Un événement qui n’est probablement pas pour rien dans l’irritation de nombreux journalistes tenus à l’écart des débats et qui se demandent si cette exclusion ne les a pas privés d’éléments importants permettant d’éclairer l’actualité.

Le malaise se traduit dans une missive que l’Association de la presse étrangère en Suisse et au Liechtenstein (APES) a adressée le 20 mai dernier au porte-parole de la BNS, Walter Meier. « Nous aimerions protester vigoureusement contre une politique discriminatoire qui privilégie un petit groupe de journalistes, alors qu’il s’agissait d’une conférence internationale susceptible d’intéresser beaucoup de nos membres », écrivent la président de l’APES Emilia Nazarenko (« The Day », Ukraine) et la secrétaire générale de l’APES Frances Williams (« Financial Times »).

La BNS changera-t-elle d’attitude lors de la prochaine réunion du même style? « La conférence n’était pas un événement public. Nous n’avons invité qu’un nombre très limité de journalistes sous réserve de respecter la règle de Chatham House», insiste Walter Meier, laissant peu d’espoir quant à une plus grande ouverture.

Une position qui ne manque pas d’étonner le correspondant de l’Agence France Presse (AFP) à Zurich, André Lehmann. En compagnie de plusieurs journalistes, il a fait le pied de grue dans le lobby de l’hôtel où se tenait la conférence. « DSK est venu nous serrer la main en précisant qu’il ne nous dirait rien. Quant à Mme Lagarde, elle avait un avion à prendre. Je ne suis pas d’accord non plus avec cette discrimination. Tant la BNS que le FMI sont des institutions publiques ».

Article paru dans « La Liberté » du 31 mai 2011

 

Finances publiques, nouvelle tuile

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Le régime de la douche écossaise auquel le contribuable suisse se voit soumis en ce début d’année connaît un regain d’intensité cette semaine avec la révélation d’une nouvelle tuile, la moins-value de 2 milliards qu’aurait enregistrée la caisse fédérale en 2014.

PAR CHRISTIAN CAMPICHE

Cette contre-performance inattendue chamboule complètement les plans financiers des prochaines années.

Digne d’un bulletin d’avalanches est la chronologie des annonces depuis quelques mois. En octobre dernier, la Confédération prévoit encore un surplus d’un demi-milliard au budget 2015. En décembre, l’excédent tombe à 400 millions. Le 9 janvier, la BNS annonce qu’un bénéfice de 38 milliards résultera de l’exercice 2014. Les cantons se frottent les mains. Quatre jours plus tard, la BNS lâche le cours plancher. Le sol se dérobe soudain sous les pas des grands argentiers. L’incertitude ne concerne pas seulement les retours que les collectivités attendent traditionnellement de l’institut d’émission. Comme en 2013, mais cette fois confrontée à l’effondrement de la valeur de ses réserves en devises, la BNS pourrait renoncer au versement d’un dividende en 2015. L’inquiétude dérive aussi de la santé financière de la Confédération à laquelle les cantons sont liés par une communauté de destin.

L’année électorale promet d’être chaude. Quelles dépenses feront les frais du retour de manivelle? Déjà, les prévisions vont bon train. A gauche, on vise l’armée, à droite l’initiative prévoyant de défiscaliser les allocations familiales. Plus ennuyeux pour la compétitivité lémanique serait l’abandon de la réforme de l’imposition des entreprises qui prévoit un taux unique abaissé, subventionné par la Confédération.

A côté, ils apparaissent bien futiles et chers, les projets muséaux rêvés par les édiles culturels genevois et vaudois!

Chronique parue dans GHI du 11 février 2015.

Actionnariat de la BNS, un poids-lourd de la Ruhr

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A qui appartient la Banque nationale?

PAR CHRISTIAN CAMPICHE

La récente envolée en bourse de l’action BNS a braqué un projecteur sur les actionnaires principaux de la banque centrale helvétique. En tête, figure la Banque cantonale de Berne avec 6,63% des actions. Mais cette personne morale est talonnée par une personne physique qui ne cesse de prendre du poids depuis son «coming out» en 2009. Theo Siegert détenait alors moins de 5% des actions. Aujourd’hui, il en possède 6,49%, ce qui vaut à cet économiste allemand de devancer confortablement les banques cantonales de Zurich, Vaud et Saint-Gall.

Qui est Theo Siegert? Né en 1947 à Düsseldorf, dans l’industrielle Ruhr, ce fils de commerçant débute par un apprentissage de banquier et finit par exercer une fonction dirigeante au sein de la holding qui contrôle le géant allemand du commerce de détail Metro. En 1997, il obtient un poste de professeur de management à l’Université de Munich. Il siège surtout au conseil d’administration du pharmacien Merck, de l’électricien E.ON et de la Deutsche Bank, ténors de l’indice boursier allemand. Accessoirement, il exerce la vice-présidence de l’Industrie-Club Düsseldorf, un réseau d’influence centenaire noyauté par les familles Krupp et Thyssen.

Que le peuple se rassure: une clause statutaire plafonne le droit de vote pour tout possesseur de titre figurant hors du cercle des collectivités publiques. Avec 6500 actions, soit un investissement de quelque 6 millions de francs dans la BNS, M. Siegert n’a pas plus d’influence qu’un détenteur de 100 actions.

Un drôle de système, quand même, que la BNS partagerait notamment avec la banque centrale de… Saint-Marin. Sacrée Suisse, elle nous épatera toujours avec ses particularismes!

Chronique parue dans GHI du 15-16 avril 2015.

Yuan, dollar… et léman

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Indifférent au krach boursier chinois et aux soubresauts de la deuxième économie mondiale, le yuan ne manque pas une occasion de s’affirmer face à son principal antagoniste, le dollar.

PAR CHRISTIAN CAMPICHE

La nouvelle guerre froide lui rend un service éminent puisque, dit-on, la Chine paie désormais ses importations de pétrole russe aussi en yuan. Signe supplémentaire de cet état de grâce, la Banque cantonale de Genève offre à sa clientèle la possibilité d’ouvrir des comptes en yuan. Encore unique en Suisse, cette proposition entend permettre aux investisseurs, «confrontés aux taux négatifs suisses et à la volatilité de l’euro, de se diversifier et d’accompagner la probable émergence planétaire de la devise chinoise», explique l’établissement genevois.

La BNS en prendra-t-elle de la graine, elle qui a augmenté de manière importante ses réserves en dollars au cours des derniers mois? La pièce qui se joue actuellement sur le grand échiquier monétaire ne peut être dissociée des stratégies militaires et de l’intense compétition qui oppose les Etats-Unis à la Chine, plaçant l’Union européenne en situation d’observateur partisan. En octroyant son soutien au traité transatlantique, la semaine dernière, le parlement européen a donné un signe qui ne trompe pas.
D’ici l’an prochain, il faudra s’attendre à un nouveau rééquilibrage des relations internationales. Face à cet axe Washington-Bruxelles renforcé, la Suisse n’a pas beaucoup de marge de manœuvre.

Ainsi vont les monnaies, au gré des humeurs des peuples et des événements qui échappent parfois à ces derniers. Quand, le 18 septembre prochain, sera lancé le léman, une monnaie destinée à redonner du tonus au tissu local, la population du grand Genève aura l’occasion de taquiner très directement cette constante historique.

Chronique parue dans GHI du 15 juillet 2015.

La BNS, un pion au service des Etats-Unis?

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Le franc suisse poursuit sa tendance baissière face à l’euro et s’approche du fameux taux-plancher de 1,20.

PAR LILIANE HELD-KHAWAM

Les observateurs qui ont été conditionnés à ramener toute leur analyse de la politique monétaire suisse à ce taux de conversion s’en réjouissent.

Ce genre d’analyse est certainement confortable par sa simplicité. La réalité est plus complexe que de simples points à mesurer dans le temps. Elle est surtout dérangeante par le sentiment tenace que la BNS ment au public pour avoir les coudées franches.

Il est de plus en plus évident que la BNS est instrumentalisée pour servir les intérêts des entités Nord-américaine et européenne dans leur course à la suprématie financière mondiale.

Pour cela, la BNS dépense sans compter. Son bilan explose. Il est toujours plus chargé d’actifs toxiques difficiles à vendre qu’elle achète au prix fort, ce qui contribue à les maintenir à des valeurs artificielles et surfaites.
 La BNS continue à acheter massivement des devises (euro et US dollar) investies principalement dans les dettes publiques vouées tôt ou tard à un défaut de paiement.

Nous voyons sur le tableau précédent que les emplettes de la BNS ont crû d’environ 48 milliards de dollars entre le 2ème trimestre de 2014 et celui de 2015. Selon le convertisseur du jour, cela revient à 47 milliards de francs suisses.
 De manière légèrement inférieure, la BNS a accru son bilan de 40 milliards d’euros durant la même année. Cela équivaut à 43.5 milliards de francs actuels.

Ainsi, la BNS a favorisé les Etats-Unis dans ses choix aussi bien au niveau de l’achat de leur devise, des actions de Wall Street mais aussi de la dette publique.

Les trois directeurs tout-puissants de la BNS devraient expliquer en quoi les investissements massifs dans la monnaie américaine affaibliraient le franc suisse face à l’euro. En quoi cette politique expansionniste atlantiste participe à stabiliser les prix alors que la déflation qui est en train d’entraîner le pays vers la récession n’est ni abordée, ni traitée?

Non, nous ne pouvons nous satisfaire d’un ratio euro/franc suisse favorable. De même que nous ferions preuve de faiblesse intellectuelle de penser qu’en achetant massivement des dollars, la BNS participerait à affaiblir l’euro…
 La raison de la politique américaniste de la BNS est à chercher ailleurs. Il serait envisageable qu’elle soit en train de participer à compenser les ventes du premier créancier des Etats-Unis: la Chine.
 En effet, selon zerohedge la Chine aurait vendu pour 180 milliards d’obligations américaines sans que cela ne suscite l’intérêt des médias…

Et voici ce que Bloomberg rapportait: «La Chine a réduit son portefeuille d’obligations américaines ce mois afin d’obtenir les dollars nécessaires pour soutenir le yuan suite à la dévaluation choc d’il y a 2 semaines, d’après des personnes familières avec le dossier.
 Ces transactions ont eu lieu via la Chine elle-même ainsi que via des agents en Belgique et en Suisse, a déclaré l’une de ces personnes qui ont souhaité conserver l’anonymat vu que l’information est confidentielle.»

Ces transactions, auxquelles il est fait référence, se font sur sol suisse et forcément via la fameuse BNS. La Suisse avec le très long bras de la BNS est au cœur des leviers financiers mondiaux. Ses éventuelles prises de positions en faveur des Etats-Unis face à la Chine peuvent à elles seules expliquer la présence d’une antenne BNS à Singapour. Notons en passant que depuis la création de cette dernière en 2012, nous n’avons vu ou entendu aucun commentaire.

(…) Nous nous réjouissons de voir les motifs que pourrait invoquer la BNS pour maintenir les taux d’intérêts négatifs quand le ratio euro-franc suisse aura atteint 1,20. Elle n’aura plus alors d’excuses pour ponctionner l’épargne et les retraites. Il lui faudra trouver d’autres sources de financement ou annoncer plus clairement la confiscation des épargnes.

Dans ce contexte de prise de position dans une guerre monétaire planétaire des questions s’imposent. Que fait la BNS dans cette galère? Qui lui a donné mandat pour batailler au profit de puissances étrangères avec l’argent du public? Comment nos trois directeurs de la BNS expliquent-ils ce soutien massif à l’administration américaine sans aucune contrepartie au peuple ou à l’économie suisse?

Il est évident que la BNS est instrumentalisée par l’étranger pour soutenir les politiques financières des uns et des autres passant largement au-dessus des institutions publiques, des intérêts de la Suisse, de ses citoyens, de leur pouvoir d’achat.
 Cet argent qui coule à flot dans un flux continu en direction de l’étranger se fait contre les intérêts de l’économie réelle, des réels propriétaires de ces finances et avec la garantie de leurs gains futurs.

L’article complet sur le blog de Liliane Held-Khawam.

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